La classification scientifique des champignons se base non sur leur comestibilité, mais sur des critères microscopiques et génétiques.
Mais en pratique, on se base sur la taille et l’emploi possible des champignons.
Une classification « pratique » des champignons.
Les grands champignons qui forment un carpophore (la partie visible couramment appelée « champignon »)
Les champignons microscopiques
Les champignons toxiques comme la majorité des amanites (pas toutes : l’amanite des César ou Oronge, Amanita caesarea est un bon comestible). L’amanite tue-mouche est un champignon hallucinogène.
Les champignons comestibles comme la majorité des bolets (pas tous : le bolet Satan est toxique), le rosé des prés, la coulemelle, les vesses de loup…
On classe dans les champignons microscopiques une partie des moisissures (certaines sont des oomycètes) et les levures. Certains de ces champignons sont intéressants pour l’industrie agro-alimentaire ou pharmaceutique.
(cf le monde des microbes).
La classification scientifique des champignons
On peut aussi classer les champignons suivant des critères scientifiques. Cette classification relève de la mycologie. Elle se base sur des critères microscopiques et génétiques. De ce fait, la classification évolue constamment.
Démarrons au plus haut niveau de la classification. Pour la plupart des scientifiques, le monde vivant se répartit en 3 domaines. 2 domaines concernent des microbes procaryotes, c’est-à-dire dont le matériel génétique n’est pas délimité par un noyau : les eubactéries et les archées. Le troisième domaine est celui des eucaryotes. On voit un noyau quand on observe leurs cellules au microscope. Les champignons font partie du domaine des eucaryotes.
Chaque domaine est ensuite divisé en royaumes ou règnes : les champignons appartiennent au règne des Fungi. Ce règne est lui-même subdivisé en plusieurs groupes. En voici quelques uns. Je ne cherche pas à être exhaustive et, comme dit précédemment, cette classification évolue constamment.
Les microsporidies
Les microsporidies sont des champignons microscopiques qui parasitent des cellules. Exemple Nosema bomycis parasite le ver à soie. Nosema apis parasite des abeilles adultes. Au moins 15 des plus de 1400 espèces de microsporidies connues peuvent provoquer une maladie humaine, la microsporidiose. Signalons notamment Encephalitozoon cuniculi qui peut infecter des lapins, rats et souris, mais aussi des êtres humains.
Les chrytridiomycètes
Les chrytridiomycètes sont des champignons parasites ou saprophytes souvent aquatiques. Le plus connu est Batrachochytrium dendrobatidis. Il menace les amphibiens du monde entier : au moins 90 espèces d’amphibien ont disparu des suites d’une infection à Batrachochytrium dendrobatidis. 491 autres ont décliné, dont 124 espèces ayant perdu près de 90 % de leur biodiversité (en savoir plus : article du National Geographic) ; il décime notamment les crapauds accoucheurs pyrénéens (en savoir plus : article maxiscience).
Les « vrais champignons » : eumycètes
Les mycologues subdivisent aussi le groupe des « vrais champignons », les eumycètes. Les mieux connus et les plus importants pour l’environnement sont les Gloméromycètes (inclus dans le groupe des Mucoromycètes), les Ascomycètes et les Basidiomycètes.
Les gloméromycètes
Les gloméromycètes sont essentiels à la vie de la majorité des végétaux. En effet, plus de 70 % de la flore terrestre établit une association symbiotique appelée endomycorhize, avec une ou plusieurs espèces de Gloméromycètes.
Les ascomycètes
Les Ascomycètes constituent le plus grand groupe. On en a décrit environ 32 000 espèces. Font partie de ce groupe des moisissures de fromage (Penicillium roqueforti), des champignons comestibles (les morilles, les truffes…), des levures (Saccharomyces cerevisiae), des pathogènes (l’agent de la graphiose de l’orme, Ophiostoma ulmi) et des lichens. Ces champignons doivent leur nom à une structure caractéristique de leur reproduction. La méiose se produit dans des cellules reproductrices spécialisées appelées asques. Les spores issues d’une reproduction sexuée (fécondation puis méiose) sont appelées ascospores.
Par exemple ci-dessous le « sac » est l’asque, les ronds sont les ascospores d’un lichen.
Les basidiomycètes
Les Basidiomycètes représentent le deuxième plus grand groupe. On en connaît environ 30.000 espèces. Un grand nombre de basidiomycètes sont des espèces mycorhiziennes : des espèces ectomycorhiziennes (comme les bolets, cèpes, amanites.), des espèces formant des mycorhizes éricoïdes (Sérendipitacées) et des espèces formant une autre forme de mycorhizes avec des espèces d’Orchidées. Il y a dès lors une association symbiotique entre le champignon et le végétal.
D’autres sont saprophytes : coulemelle, rosé des prés, vesses de loup…
Lors de la reproduction sexuée des humains, l’ovule et le spermatozoïde, haploïdes (23 chromosomes), fusionnent et leurs noyaux aussi. La fécondation produit ainsi la cellule œuf qui a un noyau diploïde (23 paires de chromosomes). Plus tard, la méïose aura lieu dans les ovaires ou les testicules. C’est une division cellulaire partant de cellules diploïdes (à paires de chromosomes) formant les ovules ou les spermatozoïdes haploïdes (avec un seul « jeu » de chromosomes).
Chez les basidiomycètes, deux mycéliums haploïdes fusionnent mais leurs noyaux restent indépendants. Les cellules du mycélium ont donc deux noyaux, on dit que le mycélium est dicaryotique. Ce mycélium dicaryotique met en place les basides. Ce sont des cellules reproductrices spécialisées à l’intérieur desquelles a lieu la fusion des noyaux, puis la méiose, pour donner naissance à des basidiospores haploïdes. On peut facilement observer au microscope les basides sur des lamelles de champignon de Paris ou de rosé des prés.
Un article intéressant sur Planète-vie.
Classification des champignons Basidiomycètes
A l’intérieur du grand groupe des basidiomycètes, on classe les champignons selon la forme de leur hyménophore.
Hyménium : couche constituée par les cellules reproductrices du champignon.
Hyménophore : tissu qui constitue les lames, les tube ou les aiguillons, et qui porte l’hyménium.
Le Guide des champignons. Didier Borgarino et Christian Hurtado. édisud, 5ème édition, 2016.
Ainsi, dans la famille des boletaceae, l’hyménophore est en tubes juxtaposés séparables du reste du champignon.
Dans la famille des amanitaceae (amanite tue-mouche par exemple) et des agaricaceae (lépiotes, rosé des prés…) l’hyménium forme des lames libres.
Rien de tel chez les vesses de loup et autres gastéromycètes. En effet, leur hyménium enfermé dans un « sac » forme la gleba.
Quant aux clavaires, ce sont des champignons dressés au port variable. Ils n’ont pas de chapeau pour protéger leur hyménium : toute la surface produit des spores, on parle d’hyménium amphigène.
Vous l’avez compris. La classification des champignons n’est pas une histoire de goût ou de taille, mais de type de « cellule » et d’organes permettant leur reproduction. Pour mieux connaître le monde des champignons, découvrez les autres articles du site :