L’amanite tue-mouche Amanita muscaria est un champignon facilement reconnaissable avec son chapeau rouge ponctué de blanc. Mais attention, ce qui est blanc, ce sont des restes du voiles dans lequel le carpophore pousse. En cas d’averse, la pluie élimine ces éléments blancs, il reste alors un chapeau rouge.
Ce champignon à lamelles appartient au groupe des basidiomycètes (cf classification des champignons).
Un champignon hallucinogène
3 substances psychoactives
Le champignon, Amanita muscaria, a donné son nom à un alcaloïde qui le caractérise, la muscarine. C’est la première substance identifiée comme activatrice du système nerveux parasympathique. Cela va entre autres ralentir le cœur et baisser la tension artérielle.
Il contient aussi du muscimole. Cet alcaloïde agit sur le cerveau. Plus précisément, il active certains récepteurs (les scientifiques disent qu’il est un agoniste des récepteurs GABA A). Cela déclenche un effet hallucinogène. De nombreux chercheurs ont étudiés les effets du muscimole sous différents angles, par exemple lors d’études sur des souris. Peu d’études s’intéressent à une utilisation thérapeutiques de cette molécule. (article de 2021)
L’amanite tue-mouche contient une autre substance hallucinogène : l’acide iboténique. Par ailleurs, une fois ingéré par une personne ou un animal, une partie de l’acide iboténique subit une réaction chimique. L’acide iboténique se transforme alors en… muscimole.
Des usages chamaniques
La consommation d’amanite tue-mouche est rarement mortelle. Il est utilisé dans des rites chamaniques.
Au Kamtchatka par exemple, l’amanite tue-mouches occupe une place centrale dans de nombreux aspects de la vie quotidienne locale. Seul champignon considéré comme médicinal, l’amanite tue-mouches permet aux habitants de soigner des maux corporels et émotionnels. Ils savent les trouver dans la toundra, près des bouleaux nains Betula nana. Les cueilleurs prennent grand soin de ces champignons, car ils croient qu’une personne qui mangerait un chapeau (šapka) sans son pied (noga) se trouverait sans jambes au moment des hallucinations. Au contraire, manger un pied seul aurait pour conséquence de perdre la tête pendant la durée de l’expérience. Ils ne blessent pas l’amanite pour ne pas blesser le consommateur. De même pensent-ils que leur comportement pendant la cueillette va influencer l’expérience du consommateur. Pour eux, un cueilleur joyeux permet une consommation joyeuse, mais si le cueilleur se comporte mal, le champignon le capte et cela va influencer l’expérience du consommateur… Je vous conseille cet article récent d’Amélie Barbie
Les Ojibwés font partie des peuples premiers du Canada et des États-Unis. Ils appartiennent au grand groupe culturel des Anichinaabés. (en savoir plus sur l’encyclopédie canadienne). Eric Navet, ethnologue de l’université de Strasbourg, s’est intéressé à leur consommation d’amanite tue-mouche (article d’Eric Navet).
Un champignon mycorhizien voyageur
Comme les cèpes et bolets, l’amanite tue-mouche forme des ectomycorhizes avec les racines d’arbres forestiers, en particulier les bouleaux et divers résineux.
Des jardiniers ont planté des arbres de l’hémisphère Nord dans l’hémisphère Sud. Ce faisant, ils ont aussi introduit les champignons symbiotiques avec lesquels ils vivent, c’est ainsi que l’amanite tue-mouche s’est retrouvée dans l’hémisphère Sud.