Il fait plus chaud, plus froid ; les pluies sont torrentielles quand ailleurs il fait trop sec… Certes, les conditions météorologiques ont toujours pu varier d’une année à l’autre. Mais actuellement, les scientifiques constatent qu’on a passé un seuil dangereux… Ils parlent de points de basculement climatique. Découvrons de quoi il s’agit.
Les points de basculement climatique
De même que les scientifiques ont identifié 9 limites planétaires qui, si elles sont franchies, déclenchent de graves perturbations, de même ont-ils défini depuis 2008 des points de basculement climatique.
Les experts du GIEC les définissent comme des seuils critiques au-delà desquels un système se réorganise, souvent brutalement et/ou de manière irréversible. Un peu comme un chemin de domino : Si le premier bascule, c’est tout le chemin de dominos qui est entraîné, même si on redresse le premier. A l’échelle de notre planète, c »est malheureusement ce qu’on est en train de constater.
Automne 2022. Les températures ont augmenté de 1,1 à 1,2° depuis l’ère préindustrielle. On pensait que les seuils critiques seraient atteints dans longtemps, quand on aurait atteint 3 ou 4 degrés d’augmentation des températures… Mais on se rend compte que ce n’est pas le cas, plusieurs seuils ont déjà été franchis ou sont sur le point de l’être.
Fonte des calottes glaciaires,
dilatation thermique
élévation du niveau des océans
février 2020, on relève 18,3°C sur une base en Antarctique (Esperanza) ! la température estivale moyenne sur cette base est de 0,2° !
20 décembre 2021, c’est l’hiver au Groenland, dans la capitale, Nuuk, il fait 13°C (température moyenne -5,3°C) ; à Qaanaaq, dans le nord, il fait un peu plus de 8°C (température moyenne -8°C).
Cette chaleur provoque la fonte des calottes glaciaires. Avec cette fonte des calottes ainsi que la fonte des glaciers, de l’eau supplémentaire arrive dans les océans. De plus, l’augmentation de la température des océans provoque une dilatation de l’eau de mer : le volume occupé par une masse d’eau augmente. Ces deux phénomènes associés provoquent une montée du niveau de la mer, dramatique par endroits.
Fonte des banquises
Ralentissement de grands courants marins
Svalbard, archipel norvégien situé dans l’Arctique.
Juillet 2020. Il y fait près de 22°C.
16 mars 2022, on relève 4-5°C (moyenne mensuelle en mars sur ces îles : -12,2°C).
Avec l’augmentation des température, la glace de mer arctique fond, exposant une surface océanique plus sombre, absorbant d’avantage d’énergie. La glace fond donc encore plus vite…
Cette fonte de la glace de mer arctique n’augmente pas le volume global océanique, mais modifie la salinité de l’eau (c’est de l’eau douce qui fond). Elle perturbe aussi les courants marins. En effet, on observe que la circulation méridienne de renversement de l’Atlantique (AMOC) ralentit… Les conséquences sont multiples, pour la biodiversité comme pour le climat.
Déforestation et sécheresse
La déforestation de la forêt amazonienne est elle aussi inquiétante. En 2022 certains scientifiques pensent qu’on a atteint un point de non-retour :
La forêt amazonienne est une forêt équatoriale, bien humide,. Sa destruction engendre une certaine sécheresse, déjà mesurable. Conséquence : cette forêt luxuriante se transforme progressivement en savane herbeuse, donc disparition des espèces endémiques, perte de l’habitat des populations qui y vivent. Quant au climat… à l’échelle locale il sera plus sec, et à l’échelle de la Terre…
Fonte du permafrost
Dans le Grand Nord, en Haute Montagne, le sol reste gelé en permanence : on parle de permafrost = pergélisol pour désigner ces sols dont la température se maintient en dessous de 0°C pendant plus de deux ans consécutifs.
Ce permafrost est recouvert par une couche de terre, la couche active, qui dégèle en été et qui permet le développement de la végétation.
Mais les températures augmentent… Cette augmentation des températures provoque le dégel non seulement de la couche active, mais aussi, de plus en plus, du permafrost, avec des conséquences multiples qui pour la plupart renforcent le dérèglement climatique et biologique.
Nous avons ici identifié certains éléments en lien avec le climat. Ce qu’il est important de comprendre, c’est que sur notre Planète, tout agit sur tout. Ainsi, les aérosols peuvent perturber climat et couche d’ozone ; en retour, les modifications de la couche d’ozone agissent sur le climat. Cela peut amplifier les incendies, qui produisent des aérosols, donc climat et couche d’ozone changés, l’ensemble de ces perturbations accélère l’érosion de la biodiversité, ce qui impacte les sols, l’eau, les facteurs climatiques…
L’ensemble de cette partie provient de connaissances acquises au fil des années. Voici quelques articles de recherche consultés en septembre 2022
- PNAS, février 2008 : Tipping elements in the Earth’s climate system
- Nature, février 2021 : Current Atlantic Meridional Overturning Circulation weakest in last millennium.
- Biological conservation, mai 2021 : Designing a blueprint for coral reef survival
- Science, septembre 2022 : Exceeding 1.5°C global warming could trigger multiple climate tipping points