Les œstrogènes sont une famille d’hormones sexuelles. Produites essentiellement par les femmes avec des fluctuations caractéristiques des cycles entre la puberté et la ménopause, elles jouent aussi un rôle in-utero et chez les hommes. Divers organes ont des récepteurs aux œstrogènes pour réguler leur fonctionnement. En particulier les seins, ce qui explique que certains cancers du sein sont « hormono-dépendant », liés aux teneurs en œstrogènes.
Le problème actuel vient de la présence des œstrogènes de synthèse dans notre alimentation, dans l’eau, un peu partout dans la nature… Ces molécules viennent perturber le fonctionnement hormonal des humains… mais aussi de nombreux animaux. On parle dès lors de perturbateurs endocriniens. Endocrinien est un mot savant qui fait référence aux hormones.
Petit aperçu non exhaustif des perturbateurs endocriniens de type œstrogènes. D’autres articles sont reliés à ce thème des perturbateurs endocriniens :
La pilule contraceptive
Quand une femme prend la pilule, elle consomme souvent des œstrogènes de synthèse. Elle en élimine une partie dans les urines et ces substances peuvent se retrouver dans la nature… contribuant à l’apparition de poissons transgenres ! Savez-vous ainsi que dans les rivières anglaises, près d’un poisson d’eau douce mâle sur cinq serait devenu transgenre en raison de la pollution par les résidus de pilule contraceptive et autres produits chimiques présents dans l’eau ? En effet, environ 20% des poissons d’eau douce mâles affichent des traits «féminisés», ils présentent un comportement «femelle» et produisent même des œufs (pas forcément fertiles) !!! (étude de l’université britannique d’Exeter).
Il s’agit des conséquences des cocktails de molécules. Les résidus de pilule notamment apportent des œstrogènes pendant que les phtalates issus des matières plastiques bloquent les androgènes comme la testostérone.
« Les perturbateurs endocriniens affectent le sexe biologique et les habitudes d’accouplement des animaux : des études montrent que des substances chimiques peuvent transformer les grenouilles mâles en femelles, féminiser les crapauds et les alligators, et modifier le comportement sexuel des oiseaux et des poissons. Et ceci pour des générations. »
Shanna H. Swan, professeure de médecine environnementale et de santé publique à l’école de médecine Mount Sinai de New York (États-Unis). (source)
Et les humains ? J’en parlerai dans un autre article.
Octyl- et nonylphénols
Les octylphénols et nonylphénols forment une famille de produits utilisés dans la fabrication de détergents et lessives, de peintures (dont des peintures marines), papiers peints, colles, pneus, des produits de traitement des textiles, du cuir et des métaux, les produits auxiliaires pour la fabrication de cellulose et de papier… Intéressant, dans une réglementation suisse, on peut lire qu’à partir du 1er juin 2022, on ne pourra plus mettre sur le marché de textile lavable contenant des éthoxylates de nonylphénol… Mais qu’en est-il ailleurs ?…
Par leur structure chimique, ces molécules peuvent se fixer sur les récepteurs œstrogéniques. On dit que ce sont des « xéno-œstrogènes ». Des substances étrangères à l’homme ayant une activité œstrogénique.
des impacts sur la fertilité des rats
Un rapport de l’ANSES relate des résultats d’expérience sur le rat :
- Pour les mâles, atteinte des testicules et de la capacité à produire des spermatozoïdes normaux, d’où une diminution de la fertilité.
- Pour les femelles, perturbation des cycles ovariens, troubles de l’œstrus, anomalies de l’utérus, diminution du taux d’implantation des embryons, d’où une diminution de la taille des portées, donc de la fertilité.
- Pour les souriceaux, augmentation de la mortalité pré et postnatale
Une invisible pollution diffuse
De ce que j’ai pu lire, on trouve cette substance polluante un peu partout, dans l’air, dans les sols et dans l’eau. Nous l’avons vu, ils impactent (au moins) la reproduction des rongeurs. En laboratoire, mais aussi dans la nature ! Et ce ne sont pas les seuls organismes perturbés. Des dérivés d’octylphénol et de nonylphénol sont aussi toxiques pour les organismes aquatiques même en faibles concentrations, ils perturbent le système endocrinien des poissons. Dans un document canadien, on peut lire quelles teneurs en octylphénols se trouvent dans des calmars par exemple.
Bref même en cherchant à mener une vie saine, on peut diffuser des perturbateurs œstrogéniques dans les milieux. Il suffit de rouler : cela peut laisser de la poussière de pneus. Il suffit de laver des vêtements : impossible de savoir quand on achète un habit s’il contient ou non des perturbateurs endocriniens qui pourraient nous contaminer et polluer l’environnement.
Scandaleux chlordécone
Et si on habite en Martinique ou en Guadeloupe… il suffit d’y habiter pour être exposé au chlordécone, un insecticide longtemps utilisé dans les bananeraies. Ce pesticide rémanent pollue le sol et l’eau de ces îles et dans les zones marines qui les entourent. Formidable perturbateur œstrogénique pour encore quelques centaines d’années… Qui affecte la reproduction et le système nerveux des humains comme des animaux, qui augmente le risque de cancer (en particulier de la prostate) etc. (article).
Parmi les pesticides, nombreux sont les perturbateurs endocriniens.
Les nanoparticules
Une émission de France Bleue, diffusée fin septembre 2024, fait le point sur les nanoparticules. Nano est un préfixe signifiant qu’on parle de particules vraiment très très très petites. Un nanomètre (nm) est 1.000 fois plus petit qu’un micromètre (µm), et 1.000.000 fois plus petit qu’un millimètre. Un cheveu par exemple a un diamètre de 40 à 100 µm (entre 40.000 et 100.000 nm), un globule rouge mesure environ 7 µm (7.000 nm)… Donc une nanoparticule c’est vraiment très petit ! Ce qui lui permet de s’infiltrer partout dans notre organisme (et celui des animaux, végétaux…)
Les nanoparticules sont notamment utilisées pour améliorer la conservation, l’aspect visuel des produits (couleur, brillance) et même la texture. Parmi les substances potentiellement dangereuses, signalons le dioxyde de titane (E171), souvent utilisé dans les médicaments ou les aliments pour donner une couleur blanche.
Les végétaux ? Ils représentent un point d’entrée potentiel dans la chaîne alimentaire, puisqu’ils constituent une part essentielle de l’alimentation de nombreux animaux ainsi que la notre. Les premières études relatant l’impact des nanoparticules sur les végétaux ont été publiées en 2007. On connaît actuellement très mal l’impact des nanoparticules sur les sols et les végétaux. Actuellement, « le seul consensus établi est que les nanoplastiques peuvent agir comme une source et un vecteur de polluants métalliques pour les plantes ». (source).
Leur dangerosité est connue depuis plusieurs années. Comme d’autres produits chimiques, elles font partie des perturbateurs endocriniens, ces substances qui interfèrent avec le système hormonal humain et animal. L’association UFC Que Choisir a obtenu leur interdiction dans les confiseries et pâtisseries en France en 2020, à l’échelle de l’Union européenne en 2022. Mais regardez bien les étiquettes, vous verrez parfois qu’on y fait référence…
Que faire ???
Il est illusoire d’espérer échapper à toute exposition aux perturbateurs endocriniens mais on peut la réduire. Il faut être particulièrement vigilant avec les femmes enceintes et les jeunes enfants. Que faire ?
- choisir des alternatives au plastique (je vous en propose dans Crecolo 43)
- limiter l’alimentation ultra-transformée au profit du fait maison à partir de produits locaux choisis sans pesticides (je vous en parle dans Miamolo 43)
- limiter les produits d’entretien à l’essentiel : savon, vinaigre, bicarbonate…
- être vigilant quant au choix des produits d’hygiène et cosmétiques.