Que l’on parle de pollution, d’UV ou d’alimentation, de tabac, de perturbateurs endocriniens ou de PFAS, bien souvent on nous parle de risque de tel ou tel cancer. Ou au contraire de bénéfice anti-cancer. Mais savez-vous de quoi il s’agit, pourquoi notre environnement peut déclencher cette maladie potentiellement mortelle si elle n’est pas soignée très précocement ? Je partirai de l’exemple du cancer du sein.
Le cancer du sein ?
Quelques chiffres en France (relayés par les campagnes d’octobre rose) :
- Une femme sur huit risque de développer un cancer du sein.
- Si une prise en charge précoce offre 90% de guérison à 5 ans, ce cancer reste la première cause de mortalité des femmes (plus de 12.000 décès en 2023, source).
- 80% des cancers du sein se développent après 50 ans.
- Le cancer du sein peut également toucher les hommes : les cancers du sein masculins concernent moins de 1 % des cancers du sein.
Je ne parlerai pas ici du dépistage ni des traitements ni des différents types de cancers du sein. Mais de ce qu’est un cancer et dans quelle mesure notre environnement peut augmenter ou diminuer le risque de le développer.
Le point de départ d’un cancer
Au départ d’un cancer il y a… une modification dans la multiplication des cellules.
Tous nos organes sont constitués de cellules. Elles ont une durée de vie limitée et par conséquent se multiplient, plus ou moins selon les organes, même une fois la croissance terminée. Selon un article de Sciences et Avenir, la totalité de nos 30.000 milliards de cellules seraient renouvelée chaque décennie. Précisons que nos cellules de la peau ne sont pas les mêmes que l’année dernière, et celles de notre estomac sont différentes de celles du mois précédent. Exception ? les ovocytes. Chaque femme naît avec un « stock » d’environ 400.000 et, de la puberté à la ménopause, va en « libérer » un lors de l’ovulation.
Nos cellules possèdent dans leur ADN toutes les informations pour se diviser et réguler ces divisions au bon rythme, adapté à l’organe. Et, préambule à chaque division, la cellule doit dupliquer son ADN, le support du patrimoine génétique. Imaginez copier une encyclopédie… Difficile de ne jamais faire d’erreur n’est-ce-pas ? Parfois vous vous en rendez-compte et corrigez, parfois non… Et selon l’erreur, la conséquence peut être anodine (par exemple si vous remplacez une virgule par un point virgule). Mais parfois… Imaginez ajouter un a dans pris, qui devient paris, cela change complètement le sens ! Il en est de même pour nos cellules… On parle de mutations.
Si vous travaillez dans un environnement très bruyant, avec les notifications de votre smartphone, la collègue qui vous propose un café, votre enfant qui joue près de vous en vous sollicitant… Je suppose que le nombre d’erreurs va augmenter n’est-ce pas ? Au niveau des cellules, bien des polluants peuvent augmenter le nombre de mutations. Et si une mutation concerne un gène de régulation des divisions cellulaires, cela peut conduire au cancer.
Alors les causes des cancers sont bien sûr multifactorielles. Notre patrimoine génétique compte : il y a plus de risques dans certaines familles. Mais l’environnement a aussi sa part de responsabilité.
La cancérisation
Une cellule du corps, par exemple une cellule du sein, devient cancéreuse quand, du fait de mutations successives, elle acquiert trois caractéristiques :
- si elle est dans un environnement favorable, elle est immortelle
- elle perd sa fonction initiale pour devenir cellule cancéreuse
- elle prolifère de façon anarchique, elle ne réagit pas aux mécanismes de contrôle du corps.
La masse de cellules cancéreuses forme une tumeur qui attire des vaisseaux sanguins qui l’alimentent et… permettent aussi le départ de cellules cancéreuses vers d’autres organes. Arrivé à ce stade, on parle de métastase. Le risque est plus ou moins important selon les cancers. D’où l’importance du diagnostic précoce : Traiter le cancer avant qu’il n’y ait de métastases et, ainsi, les éviter.
Le cancer, une maladie plurifactorielle
Il existe des facteurs de risque environnementaux et génétiques de cancérisation. Par exemple, au delà des risques familiaux de contracter un cancer, la consommation d’alcool et de tabac ainsi que la sédentarité augmente les risques. Je choisis ici l’exemple des facteurs environnementaux impliqués dans le cancer du sein…
Pollution atmosphérique & cancer du sein
Commençons par une pollution atmosphérique facile à supprimer, le tabac… Certains composants issus de la transformation de la fumée de tabac se fixent à l’ADN et lui causent des dommages irréversibles… L’effet est bien sûr majeur au niveau des poumons, du larynx et du pharynx. Mais quel que soit l’organe, on note une augmentation du risque de cancer.
Ainsi, une étude de l’INSERM montre que commencer à fumer entre 16 et 26 ans accroit le risque de cancer du sein de presque un quart (22 %), alors que le sur-risque est nul quand la femme commence à fumer après 26 ans / après une première grossesse. Bien sûr, cela ne signifie pas qu’il faut commencer à fumer après cet âge, le tabac reste très nocif pour les poumons. Mais on pense que les différenciations des cellules mammaires qui ont lieu au cours d’une première grossesse, réduisent l’impact de la fumée de tabac sur le sein.
Ne pas fumer en présence d’enfants, adolescents, jeunes adultes et femmes enceintes, c’est ainsi un moyen simple de diminuer les risques. Au-delà du tabac, des études sont menées pour observer l’impact de la pollution atmosphérique sur ce type de cancer. Sur la sellette, le dioxyde d’azote (NO2), le benzopyrène (BaP), les polychlorobiphényles (PCB) et les particules fines PM10 et PM2,5 (au diamètre inférieur à 10 et 2,5 micromètres, respectivement). (source)
En 2013, la pollution atmosphérique dans son ensemble a été classée comme cancérogène certain par le Centre international de recherche sur le cancer [CIRC] !
Plastique et cancer
Nous pouvons aussi nous inquiéter face à la pollution par les plastiques. Prenons l’exemple de leur impact sur le sein…
Les cellules-souche des seins permettent le fonctionnement des glandes mammaires. Pour cela, elles se multiplient activement et se spécialisent. Le régulateur principal ? Des hormones féminines, les œstrogènes. Donc tout ce qui peut perturber le fonctionnement hormonal peut dérégler la régulation avec comme conséquence potentielle, le développement d’un cancer. Parmi les perturbateurs endocriniens pointés du doigt figurent les bisphénols. Et les nanoparticules de plastique favorisent probablement la pénétration de certains bisphénols dans les cellules. Les études sont en cours…
Je vous propose de compléter avec la lecture de ces articles :
Je ne suis assurément pas exhaustive. J’aurais pu parler de pesticides, d’additifs alimentaires… Ces exemples montrent néanmoins l’urgence d’agir sur notre environnement pour notre santé !