Partout, les oiseaux de mer semblent souffrir de niveaux d’extinction très élevés.
Concernant les oiseaux, sur 284 espèces se reproduisant sur le territoire métropolitain, 92 sont menacées. Soit 32 %, contre 26 % en 2008. Au niveau mondial, en comparaison, 12 % des oiseaux sont menacés d’extinction. Ou d’avantage, les chiffres ne cessent d’augmenter. Prenons l’exemple de l’Eider à duvet, Somateria mollissima, un canard marin …
La famille des canards
Les Anatidés constituent la famille des canards.
Les 174 espèces que compte cette famille occupe tous les continents, excepté l’Antarctique. Toujours des sites liés à l’eau : souvent des eaux douces (la fameuse « mare aux canards ») mais aussi, pour certains comme l’eider, des eaux marines. Ainsi, tout impact sur l’eau va avoir des conséquences pour leur vie.
Leurs pattes courtes palmées facilite la nage. Leur ailes, assez courtes et étroites pour leur poids, et leur forte musculature explique qu’ils ont un vol battu rapide. Petite exception : l’Eider à duvet alterne le vol battu et le vol plané.
On distingue canards plongeurs et canards de surface. Les Eiders sont d’excellents plongeurs capables de descendre à 25 mètres de profondeur et de rester une minute sous l’eau : Leur forte densité corporelle leur permet de plonger pour rechercher leur nourriture dans l’eau.
Eider…
Eider est un nom qui désigne des espèces de canards appartenant à plusieurs genres :
- Eider à duvet – Somateria mollissima
- Eider à lunettes – Somateria fischeri
- Eider à tête grise – Somateria spectabilis
- Eider de Steller – Polysticta stelleri
- Eider du Labrador – Camptorhynchus labradorius
Anecdote sur ces grands oiseaux migrateurs… Leurs plumes étaient naguère recherchées comme rembourrage de tout ce qui permet d’avoir chaud. Savez-vous que le mot édredon provient du danois ederdun. Ou de l’anglais « eider down »… Quelle que soit l’étymologie première, l’édredon fait référence au duvet de l’eider, ce gros canard qui vit en des contrées bien froides ! Je pense que vous avez compris pourquoi on parle d’eider à duvet.
Nidification sur l’Atlantique Nord, à la limite de la banquise et hivernant sur les côtes de l’Atlantique et sur quelques lacs à l’intérieur du continent : l’Eider à duvet est un oiseau migrateur. Pour en voir des photos variées, en écouter le chant, je vous conseille cette page du site Oiseaux.net.
Que se passera-t-il si, avec le réchauffement climatique, la banquise estivale disparaît ?…
On pense souvent aux ours polaires, mais les Eiders ?… Qui se nourrissent d’animaux marins se nourrissant de micro-organismes marins. Si l’Arctique se réchauffe, si la banquise fond, l’eau est moins salée (la banquise apporte de l’eau douce), moins oxygénée (impact du changement de température), et plus éclairée (la banquise ne couvrant plus l’océan). Cela va obligatoirement bouleverser la biodiversité locale. Donc, en particulier, la nourriture disponible pour les Eiders. Moules, coques, crustacés… Le régime alimentaire de ces canards est de plus très sensible à l’oxygénation de l’eau d’une part, à son acidité d’autre part. Plus de dioxyde de carbone dissout dans l’eau en augmente l’acidité, qui fragilise coquilles et carapaces riches en calcaire…
En France
On peut rencontrer l’eider à duvet sur les côtes françaises de Picardie, de la Manche et de Bretagne. Il recherche la proximité du rivage, où les eaux peu profondes permettent l’accès à son alimentation (mollusques et crustacés aquatiques). A ce sujet…
En 1999, on comptait jusqu’à 20 couples nicheurs d’Eider à duvet sur la côte atlantique française, du Morbihan jusqu’au banc d’Arguin. Il s’agit du site de nidification de l’espèce le plus méridional en Europe. La marée noire provoquée cette année-là par le naufrage de l’Erika a décimé l’ensemble de la population nicheuse.
Depuis 2008, après presque dix années sans aucune reproduction en France, quelques oiseaux nicheurs se sont à nouveau installés. On peut désormais observer 1 à 3 couples chaque année. Le changement climatique peut être une nouvelle menace pour cette petite population sensible à la pollution et au dérangement par les plaisanciers.
L’Eider à duvet se trouve ainsi classé en catégorie “En danger critique” dans la Liste rouge nationale.
L’eider canadien
On observe aussi cette espèce au Canada. Au printemps 2022, une épidémie d’influenza aviaire a décimé certaines des plus grosses colonies d’eiders de l’estuaire du Saint-Laurent. Le service canadien de la faune estime qu’entre 5 et 15 % des femelles nicheuses sont mortes. De nombreux nids ont de plus été abandonnés par les femelles. Il y a donc moins de jeunes, les effectifs des populations seront probablement bas dans les années à venir. C’est pourquoi le service canadien de la faune sensibilise les chasseurs québécois et leur demande de limiter la chasse aux eiders.
Pour les colonies d’eiders à duvet observés dans d’autres secteurs du Canada, en Nouvelle Angleterre par exemple, les effectifs diminuent.
A l’échelle planétaire, l’eider à duvet ne fait pas partie des cas les plus préoccupants. Comme beaucoup d’oiseaux migrateurs, il est néanmoins inscrit, depuis 1979, à l’annexe II de la convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage, un traité du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (site concernant ce traité).