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Pollution plastique


L’accumulation de déchets en plastique dans l’environnement engendre une pollution plastique (ou pollution par le plastique) considérable, en particulier dans les milieux aquatiques. C’est l’une des causes de l’actuelle érosion de la biodiversité.

pollution plastique

Ces cygnes juvéniles (une partie de leur plumage est encore coloré) n’ont pas encore appris que non, le plastique n’est pas bon à manger… Photo prise le 29 décembre 2020 dans les étangs de Commelle à Coye-la-Forêt (Oise)… (un pêcheur a prélevé ce sac plastique avec une épuisette, les cygnes ni aucun autre animal ne le mangeront ni ne s’enchevêtreront dedans).

Autre histoire qui se finit moins bien… 2017, base de Cergy dans le Val d’Oise… Un héron se coince le bec dans un chouchou le 30 septembre. Malheureusement, personne n’arrivera à l’approcher. Or il ne peut se nourrir mais arrive néanmoins à s’hydrater… jusqu’au 16 octobre. Anecdote ? Selon le WWF, on enregistre des problèmes d’enchevêtrement chez plus de 270 espèces animales différentes, au moins un millier de tortues marines meurent chaque année des suites de l’enchevêtrement dans des déchets plastiques, parmi lesquels du matériel de pêche égaré.

dauphin
Des bateaux emmènent les touristes voir les dauphins nager au large de Dieppe, Normandie.

Les anecdotes ne manquent pas. Ainsi en septembre 2020 a-t-on retrouvé mort un manchot de Magellan, au Brésil… Il a avalé un masque jetable, et en est mort étouffé… En 2019, un cachalot s’était échoué en Sardaigne. Il était mort de faim, l’estomac rempli de 22 kg de divers déchets plastique. Quelques semaines plus tôt, c’est une baleine qui était décédée après avoir ingurgité 40 kg de plastique.

Des tonnes de plastiques polluent !

D’après le WWF, 8 millions de tonnes de plastiques finissent dans nos océans chaque année. Sur leur site, on peut lire dans un rapport de 2019 que les pratiques de consommation rapide génèrent d’énormes quantités de déchets plastiques. Or le monde est mal équipé pour les traiter. En effet, plus d’un tiers des déchets plastiques sont gérés de manière inefficace (non collectés, jetés sur la voie publique, gérés dans des décharges non contrôlées). Ils risquent alors de devenir des polluants.

Autre chiffre édifiant : 80 % du plastique dans l’océan provient de sources terrestres

Dans les exemples ci-dessus, il s’agit de plastique de grande taille, qu’on peut aisément éviter en mettant nos déchets à la poubelle. Mais l’essentiel de la pollution, chronique, est beaucoup moins visible… Par exemple regardez cette vidéo… En allant sur une plage de sable, aviez-vous déjà remarqué les « larmes de sirène » ? Il est urgent de limiter notre utilisation des plastiques !

Des microplastiques au milieu du plancton

Une équipe californienne communique dans un article paru en 2022 les résultats de leurs recherches sur l’exposition des baleines aux micro-plastiques (moins de 5 mm).

Au large de la Californie, les baleines à fanons se nourrissent principalement à des profondeurs de 50 à 250 m, ce qui coïncide avec les concentrations de microplastiques mesurées les plus élevées dans l’écosystème pélagique. Ils pensent que la quasi-totalité de l’ingestion de microplastiques devrait se produire par transfert trophique.

  • Chaque jour, une baleine bleue qui se nourrit de krill peut ingérer 10 millions de morceaux de microplastique,
  • une baleine à bosse qui se nourrit de poisson ingère probablement 200 000 morceaux de microplastique.

Une équipe néozélandaise présente quant à elle dans un autre article (également paru en 2022) la quantité de plastique ingérée par des rorquals. Ils l’estiment à 3 millions de particules absorbées chaque jour.

Pensez-vous qu’il s’agit uniquement de microplastiques « secondaires », c’est-à-dire issus de la dégradation de sacs, bouteilles, pailles… qu’on aurait jeté n’importe où ? Et qu’en étant « vertueux » vous n’y contribuez pas ?

Générer une pollution plastique… en s’habillant ?

Malheureusement…

Laver des vêtements en fibre synthétique suffit à polluer !!!

Du PET dans le ventre des bélugas

En effet, dans un article paru en 2020, on peut découvrir l’analyse des particules trouvées dans sept bélugas chassés par les chasseurs inuits. Les estomacs et intestins des animaux contenaient des fibres et fragments d’une taille inférieure à 5 mm : des micro-plastiques. Près de la moitié des particules trouvées ont été identifiées comme étant du PET (polyéthylène téréphtalate).

Qu’est-ce que le PET ?

En 1941, 2 chimistes anglais ont inventé et breveté le polyéthylène téréphtalate, et parviennent à produire à partir de ce polymère une fibre textile qu’on peut appeler polyester, PES, PET, Dacron, Tergal… Les vêtements en polaire sont aussi à base de PET. Depuis, on utilise aussi le PET pour produire notamment des bouteilles en plastiques (d’où la possibilité de faire ensuite des vêtements issus de bouteilles).

Quand vous lavez vos vêtements, des petites fibres s’en détachent, partent avec l’eau de rinçage… Ces micro-fibres sont trop petites pour être filtrées par les stations d’épuration donc, qu’il y ait ou non des stations d’épuration, elles poursuivent leur chemin vers les rivières, les fleuves, les océans…

Donc le PET retrouvé dans le tube digestif des bélugas provient peut-être de la dégradation de bouteilles en plastiques jetées n’importe où… mais peut-être aussi d’un vêtement en fibre synthétique qu’une personne soucieuse de l’environnement aura lavé.

Le PET est un dérivé du pétrole. Presque 2 kg de pétrole pour 1 kg de PET, que l’on peut ensuite recycler. Lors de la fabrication, il faut aussi utiliser de l’antimoine (catalyseur de la polymérisation). C’est pourquoi le PET contient de petites traces d’antimoine…

L’antimoine

Une fois le PET produit, il contient donc un peu d’antimoine. Ensuite, pendant le stockage d’eau dans des bouteilles en PET, l’antimoine migre et se concentre dans l’eau. Pour une consommation occasionnelle, passe, mais quand on prépare le biberon d’un nourrisson ??? Et que se passe-t-il pour l’embryon ou le fœtus quand une femme enceinte boit de l’eau en bouteille ?

J’habite un secteur de France où je trouve de l’eau de source de bonne qualité à la fontaine du village. De même lors de mes études à Paris, j’habitais un quartier où l’eau du robinet est une eau de source de bonne qualité. Globalement en France, l’eau du robinet est potable. Mais pas toujours d’une qualité adaptée pour les nourrissons. Et dans bien des pays du monde, acheter de l’eau en bouteille est le seul moyen d’être sûr de consommer une eau potable.

Néanmoins… avec les actuels problèmes d’eau douce, il arrive qu’il n’y ait plus d’eau au robinet ! même dans un village de Haute-Loire proche d’un lac ! Au Bouchet-Saint-Nicolas, un village de 300 habitants, une association a créé une cagnotte pour recevoir de l’aide pour trouver une solution au manque d’eau !

Il est facile de trouver les effets d’une intoxication par des doses importantes d’antimoine pour les adultes exposés par leur profession. Je n’ai pas trouvé d’information claire sur les effets à long terme d’une exposition chronique à l’antimoine chez les fœtus et les nourrissons. Un intéressant article paru en 2011 évoque des risques de cancer et de perturbations hormonales, d’impacts s’apparentant aux effets de l’arsenic, rien de précis sur les effets des très petites doses. Quant aux impacts de l’antimoine issu des fibres textiles ou des bouteilles en PET sur les écosystèmes…

Il neige du PET au pôle Sud !

Quelques rorquals pêchés par les inuits contaminés… peut-être une pollution marine vers le pôle Nord lié à des courants marins, et c’est tout… ?

C’est malheureusement bien plus grave que ça. On peut en effet lire dans un article paru en 2022, les résultats des analyses d’échantillons de neige collectée sur 19 sites dans la région de l’île de Ross en Antarctique. Donc loin de tout ! Les chercheurs ont isolé les particules de microplastiques. Concrètement, ils ont identifié des microplastiques dans tous les échantillons de neige antarctique. Il s’agissait le plus souvent de fibres de PET. Comment sont-elles arrivées près du pôle Sud ? Il y en a certes un peu pouvant provenir des vêtements et de l’équipement des scientifiques. Mais surtout, certaines fibres ont pu parcourir jusqu’à 6.000 km grâce au vent.

pollution plastique planétaire

Donc l’eau est contaminée, l’air est contaminé, la neige est contaminée… Et si on en trouve depuis la neige en Antarctique jusqu’au tube digestif des rorquals de l’Arctique, croyez-vous pouvoir être épargné ?… Vous trouvez que ça fait froid dans le dos ? de parler des régions polaires ou de la gravité de la pollution plastique ?…

Et s’il n’y avait que cela…

Générer une pollution plastique… en se lavant ?

Connaissez-vous la composition de vos produits cosmétiques ?

Nul besoin de consulter la presse scientifique pour s’informer. Ainsi peut-on lire dans un article paru dans Cosmopolitan en 2022 que le diméthicone, présent dans de nombreux produits de beauté, fait partie des micro-plastiques. C’est un polymère de silicone largement utilisé dans les crèmes, baumes à lèvres, protections solaires, produits pour les cheveux… Plein d’avantages cosmétiques, mais franchement néfaste pour l’environnement.

Poursuivons avec un article paru en 2021 dans Que Choisir sur les gels hydro-alcooliques. Là aussi, mieux vaut être attentif à leur composition. Vérifiez l’absence de carbomer ou d’Acrylate/C10-30 Alkyl Acrylate Crosspolymer. Ces micro-plastiques servent à contrôler la viscosité des produits (comme le diméthicone, on en trouve dans des produits cosmétiques variés), très intéressants donc ! Mais… Ils sont peu dégradables dans l’environnement et le carbomer est classé « très toxique pour les organismes aquatiques ».

Les industriels ont intentionnellement mis des micro-plastiques dans ces produits. Ils sont dits « primaires ». Or ils sont trop petits pour être filtrés dans les stations d’épuration. Donc quand vous vous lavez, ils partent avec l’eau et le gel douche (qui peut en contenir), le shampoing (qui peut en contenir), l’exfoliant (qui peut en contenir) et ça finit par arriver dans les rivières, les fleuves, les océans…

Ce qu’il vous reste à faire ? Bien lire les étiquettes… en sachant que je n’ai pas cherché à recenser ici les noms de toutes les microparticules présentes. J’aurais assurément pu poursuivre avec les produits d’entretien…

Pollution plastique des humains

Si vous croyez que seuls les cétacés sont contaminés… Parlons un peu de nous, humains. Les chiffres communiqués proviennent d’une étude du WWF parue en 2019. Saviez-vous qu’un être humain pourrait ingérer environ 5 grammes de plastique chaque semaine ? C’est l’équivalent de la quantité de microplastiques contenue dans une carte de crédit ! Ce n’est bien sûr qu’une première estimation, mais qui laisse à réfléchir.

Et ce n’est pas qu’en mangeant du poisson qui a avalé des microplastiques dans la mer que vous en ingérez.

Possible que vous avaliez 1.769 particules de plastique chaque semaine, uniquement en buvant de l’eau. Car vous l’avez bien compris, on trouve du plastique dans l’eau (eau souterraine, eau de surface, eau du robinet et eau en bouteille) partout dans le monde, car on n’arrive pas à les filtrer correctement et que partout on fait des lessives, on utilise des produits cosmétiques et nettoyants issus de l’industrie…

Quant aux fruits de mer, comme ils avalent des particules de plastique contenue dans l’eau en croyant consommer du plancton, et puisqu’on les consomme entiers, avec leur système digestif… Ce sont d’excellentes sources de plastique s’il en est !

Et ne l’oublions pas… Il y en a aussi dans l’air que vous respirez. Et donc aussi les sols, en lien avec l’air et l’eau ainsi que les excréments des animaux contaminés, et où poussent nos aliments…

et les bébés ?

Croyez-vous les bébés épargnés ? Des chercheurs ont analysé les selles d’adultes et de nourrissons. Ils en trouvent dans tous les échantillons. Selon la nature du plastique, en même quantité ou… dix fois plus chez les bébés ! Ils sont en effet largement exposés au plastique : biberon, anneau de dentition, jouets… (Article)

Mais in utero, le fœtus est protégé n’est ce pas ?… Non… Des chercheurs ont analysé des placentas. Ils y ont trouvé des micro plastiques des deux cotés du placenta. Côté maman mais aussi côté fœtus ! (Article)

Les conséquences de la pollution plastique

On ne connait pas encore bien les effets à long terme de l’ingestion et de l’inhalation de plastique que l’on soit humain, crevette ou rorqual. On l’a bien compris néanmoins, quand un animal a ingéré trop de plastique et pas assez d’aliment, il risque de mourir ! Et nous ? Si on inhale trop de fibres plastiques, on risque de ressentir une inflammation des voies respiratoires.

Il y a la présence des plastiques, mais aussi les substances qui les accompagnent. J’ai évoqué plus haut l’exemple de l’antimoine. Outre des produits utilisés pour fabriquer les plastiques (comme l’antimoine), les plastiques peuvent contenir des additifs tels que des colorants. Or, parmi les différentes molécules employées, certaines ont une influence avérée sur la reproduction, il y a des perturbateurs endocriniens, des substances provoquant des cancers… Quant aux plastiques présents dans l’air, ils peuvent aussi véhiculer, entre autres, des hydrocarbures aromatiques polycycliques, nom savant de molécules issues du charbon et du goudron.

Pour compléter, je vous propose cet article :

Le WWF propose des pistes d’action. Si je résume :

  • la pollution plastique fait partie des limites planétaires qui ont été franchies,
  • on la connaît encore mal même si on sait qu’elle est très importante,
  • agir est indispensable et ne se limite pas à remplir sa gourde d’eau du robinet plutôt que d’acheter des bouteilles en plastiques (ce qui n’est pas possible partout dans le monde)…

Et vous, que faites-vous pour limiter la pollution de l’eau, de l’air, des sols ? Vous pouvez trouver des recettes, par exemple de yaourts pour limiter les déchets de polystyrène avec Miamolo 43. Vous pouvez trouver aussi des idées créatives avec Crecolo 43 :