Les éoliennes convertissent l’énergie du vent en électricité. Formidable non ?
C’est juste la version moderne des moulins à vent, qui utilisent une énergie renouvelable, décarbonée…
Certes, on peut ne pas en apprécier l’esthétique dans un paysage. On peut déplorer le bruit des pales. Il suffit de les construire loin des habitations pour qu’elles ne gênent pas les humains qui exigent toujours plus d’électricité pour que tout le monde soit content, non ? Les humains peut-être, mais avez-vous pensé aux oiseaux, chauve-souris et autres animaux volants ?
Je ne vais pas détailler ici l’empreinte écologique, réelle, de la construction d’une éolienne. Ni les controverses quant à la force du vent nécessaire pour faire tourner les pales, quant au rendement d’une éolienne etc. Juste à l’impact d’une éolienne en fonctionnement sur les animaux volants.
Cherchons une source de renseignement a-priori fiable. Le blog d’un inconnu ? Non. Voici un résumé d’un rapport de l’office français pour la biodiversité paru en 2019.
Les oiseaux et les chiroptères sont reconnus comme étant les taxons les plus sensibles au développement des parcs éoliens. Ces derniers peuvent provoquer des collisions avec des individus en vol, des pertes et fragmentations d’habitats ou des perturbations comportementales, toutes liées à la présence d’aérogénérateurs et à leurs lieux d’implantation.
Les groupes les plus vulnérables semblent être les oiseaux et chiroptères migrateurs, les rapaces ainsi que les chauves-souris de haut vol.
Cela ne veut toutefois pas dire que les autres taxons ne peuvent pas être affectés par l’éolien : amphibiens, mammifères, plantes, etc. sont vulnérables face à la dégradation de leurs habitats.Gaultier, S.P., Marx, G., & Roux, D., 2019. Éoliennes et biodiversité : synthèse des connaissances sur les impacts et les moyens de les atténuer. Office national de la chasse et de la faune sauvage/LPO. 120 p. https://eolien-biodiversite.com/IMG/pdf/lpo_oncfs_2019.pdf
La construction des éoliennes
On peut construire une éolienne au milieu d’un champ, car son emprise au sol est limitée – moins de 30 m². Mais si on ajoute le terrassement pour les fondations, la plate-forme à réaliser pour l’évolution des engins de chantier et la grue de montage, les éventuels chemins pour le passage des convois exceptionnels, places de parking pour la maintenance, le réseau électrique constitué de câbles enterrés…
Un parc d’éoliennes implanté « au milieu de nulle part » risque d’impacter un espace naturel, peut-être sensible. On va peut-être détruire des habitats essentiels pour des espèces endémiques. Ou pas…
On comprend ainsi que le choix d’un parc éolien doit être bien réfléchi pour être davantage constructif que destructeur.
Les oiseaux face aux éoliennes
Le plus facile à évaluer est la collision d’un oiseau et d’une éolienne. Assurément, le grand perdant sera l’oiseau… Il y a bien sûr d’autant plus de risque que l’éolienne possède de grandes pales, est dans un site important pour les oiseaux, qu’il s’agit d’une espèce menacée…
Mais il n’y a pas que cela à prendre en considération. Imaginez, vous êtes un héron, tranquille dans votre héronnière… et des humains débarquent.
Ces humains démarrent un gigantesque chantier qui bouleverse tout et implantent des éoliennes qui font un certain bruit. Vous n’aimez pas le bruit ? Pour les oiseaux aussi, les bruits constituent une pollution.
Ainsi, certains animaux et en particulier des oiseaux vont, pour certains, s’éloigner des zones où les humains implantent des éoliennes. Ceux qui auront le plus de risque de mourir lors d’une collision avec les pales des éoliennes sont ceux que ces moulins à vent des temps moderne n’effraient pas…
Les chauves-souris face aux éoliennes
Comme les oiseaux, les chauves-souris peuvent être tuées en cas d’impact avec les pales des éoliennes. Elles sont aussi très sensibles à la perte de leur habitat. Il semble qu’en l’absence de plan de bridage, les éoliennes tuent davantage de chauves-souris que d’oiseaux. Mais… on connait moins bien les populations de chauves-souris que d’oiseaux. Donc difficile d’affirmer l’impact de l’éolien sur ces mammifères volants.
Une chose est sûre, pour la majorité des espèces, le taux de reproduction se limite à un seul jeune par an, et un premier petit quand l’animal a parfois trois ans. Ces caractéristiques expliquent une vulnérabilité des populations de chauves-souris.
Certaines espèces sont plus sensibles aux collisions : la pipistrelle commune et les noctules. On trouve plus rarement, au pied des éoliennes, des chauves-souris des genres Myotis et Rhinolophus. Mais quelle que soit l’espèce, toutes sont sensibles aux pertes d’habitat générés par l’implantation des machines. Un exemple ? Implanter un parc éolien dans une zone de culture céréalière aura peu d’impact pour les chauves-souris. Au contraire, si on doit abattre une parcelle d’une forêt de feuillus ou mixte, ce dernier milieu accueillant de nombreuses espèces de chauves-souris…
On craint la disparition des populations les plus sensibles et fragiles : Tout développement de parc éolien doit prendre en compte les populations de chauves-souris.
La Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) est une petite espèce de chauve-souris européenne. Son nom provient d’un mot italien signifiant chauve-souris. Cette chauve-souris hiberne dans un abri à la saison froide (donc en cas de réchauffement des hivers… ?). Et elle par chasser mouches, chironomes et autres insectes volants dans le premier quart d’heure qui suit le coucher du soleil. Elle est de ce fait sensible non seulement aux éoliennes, mais aussi à la pollution lumineuse, et à tout ce qui peut impacter la vie des insectes volants. Savez-vous qu’une Pipistrelle peut engloutir plus de 2 000 moustiques en une nuit ? L’espèce ne fait pas partie des plus menacées dans le monde des chauve-souris, mais localement, des populations peuvent disparaître.
Les barotraumatismes
Avez-vous déjà entendu parler des barotraumatismes ? Ils concernent particulièrement les chauves-souris. Barotraumatisme, des incidents liés à des changements de pression (dont le bar fait partie des unités de mesure).
Quand une chauve-souris (un oiseau…) vole à proximité d’une pale d’éolienne en mouvement, la pression extérieure peut brutalement diminuer. Le volume de l’air contenu dans les poumons peut brusquement augmenter… Au mieux, cela va repousser les tissus. Mais le risque majeur ? Imaginez un ballon de baudruche que vous gonflez. Au bout d’un moment, il risque d’éclater. Il en va de même des alvéoles voire des poumons des animaux qui volent là où les pales font baisser la pression atmosphérique. Selon l’importance des dégâts, l’animal ne meurt pas toujours immédiatement… Mais il souffrira d’hémorragies internes le temps d’en mourir. Loin de l’éolienne responsable. Donc non comptabilisé parmi les victimes des éoliennes.
Ainsi, pour que le développement de l’énergie éolienne, potentiellement intéressante, se fasse sans destruction d’un pan entier de la biodiversité, diverses mesures sont prises en compte. En premier : le choix de l’emplacement. On a ainsi défini des zones où il ne doit pas y avoir d’éoliennes. Au beau milieu d’une réserve naturelle importante pour la biodiversité par exemple. Les zones spéciales de conservation (ZSC) et zones de protection spéciale (ZPS) du réseau Natura 2000, n’interdisent pas l’apparition d’éoliennes dans leur périmètre. Mais cela pourra dépendre de l’étude des incidences sur la faune, la flore et les habitats de ce site Natura 2000. Si le site protège des écrevisses à pattes blanches, la probabilité que des éoliennes viennent les déranger est plus faible que dans des sites préservant oiseaux et chauves-souris… Mais compte-tenu de l’importance des zones humides pour le repos et l’alimentation de nombreux oiseaux et chauves-souris…
Emplacement du parc, localisation des éoliennes les unes par rapport aux autres, caractéristiques techniques (type de mât, dimensions de l’éolienne, éclairage…) : autant de facteurs qui vont permettre, ou non, une bonne cohabitation entre éoliennes (utiles pour produire notre électricité) et biodiversité.