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Animaux camouflés : tenues de saison exigées !


Être camouflés pour ne pas être mangés, telle est la devise de nombreux animaux. Bien sûr il y a le caméléon dont la couleur varie pour s’accorder à son environnement. Mais ici, je vais plutôt vous parler de changement de tenue selon les saisons…

animaux blancs camouflés dans les paysages enneigés

Camouflés grâce à la neige

En France, trois animaux sont « couleur terre ou pierre » en été et « couleur neige » en hiver. Un livret bien illustré nous les présente.

Le lagopède alpin

Oiseau emblématique des hautes montagnes (Alpes et Pyrénées), le lagopède alpin Lagopus muta fait partie des 19 espèces d’oiseaux inscrits sur les listes rouges de l’UICN. Il appartient à la famille des poules. Sous son plumage hivernal, il supporte des températures allant jusqu’à -35 degrés. En effet, ses plumes sont doublées et recouvrent tout l’animal, jusqu’aux pattes. De plus, sa blancheur permet à ces oiseaux d’être bien camouflés. Ils passent ainsi inaperçus des prédateurs. Mais avec le recul de l’enneigement, ils deviennent plus visibles. Attention aussi à ne pas les déranger en pratiquant du ski hors piste !

Nichant au sol, un excès de pâturage et des randonneurs ne respectant pas les sentiers menacent les couvées (source). Ainsi, environ 1 lagopède sur 2 parvient à se reproduire chaque année. Cette femelle a ensuite 1 chance sur 2 de réussir à mener ses poussins à l’âge de l’envol.

Enfin, cet oiseau est considéré comme une relique de l’ère glaciaire, il est adapté aux grands froids. Va-t-il réussir à survivre au dérèglement climatique ? On observe déjà des migrations d’oiseaux nichant dans le Mercantour partant vers des secteurs italiens des Alpes pour l’hiver. Se déplacer suffira-t-il maintenant qu’être camouflé est devenu plus difficile ?

Le lièvre variable

Le lièvre variable Lepus timidus ne vit quant à lui que dans les Alpes. On connaît mal sa répartition car il est peu visible (animal essentiellement nocturne et le mimétisme de son pelage lui permet de ne pas être repéré de ses prédateurs). De plus, son habitat est difficile d’accès. On le détecte actuellement essentiellement grâce à l’étude de l’ADN retrouvé dans les fèces. Dans le contexte du changement climatique actuel, les chercheurs s’attendent à observer une progression du lièvre d’Europe dans les secteurs actuellement occupés par le lièvre variable, qui migrerait vers des zones situées plus haut en altitude… ou disparaitrait, ne pouvant monter indéfiniment. Des résultats devraient prochainement paraître pour ces deux espèces (source).

L’hermine

En Auvergne, nul lagopède ni lièvre variable. En revanche, on peut y voir des hermines Mustela erminea qui, elles aussi, muent en automne et au printemps et changent ainsi de couleur selon les saisons pour rester camouflés. Petit aperçu de l’hermine ci-dessous dans un reportage mis en ligne fin 2022…

Sans doute court-elle le même risque que sa cousine polonaise, la belette des neiges Mustela nivalis. Des chercheurs ont analysé des données de piégeage (article). Ils ont ainsi montré que le nombre de belettes blanches en hiver diminue avec la baisse du nombre de jours enneigés. C’est simple, en l’absence de neige, les belettes blanches sont plus visibles que les brunes, donc risquent davantage l’attaque d’un prédateur. Or la plasticité de la mue est très limitée chez cette espèce : qu’il y ait ou non de la neige, la mue automnale la rend blanche…

Pour toutes ces espèces, le manque de neige rend inadéquate leur tenue de camouflage. Cela ne peut qu’affecter directement l’abondance et la répartition géographique de ces espèces.

Autre importance de la neige : Animaux… La neige comme refuge en hiver