Mise à jour : fin de l’article sur la protection de la couche d’ozone ajouté le 24 janvier 2023
Face à la gravité du trou dans la couche d’ozone, les gouvernements de nombreux pays se sont réunies. Ils ont pris des mesures efficace. Leur objectif : la protection de la couche d’ozone.
Des accords permettant la protection de la couche d’ozone
Protocole de Montréal & CFC
22 mars 1985. Plusieurs gouvernements s’engagent, à travers la convention de Vienne, pour une action de protection de la couche d’ozone.
Le protocole de Montréal consacre l’accord des parties sur des mesures conjointes permettant l’élimination de substances destructrices de la couche d’ozone. Les représentants de 24 pays l’ont signé le 16 septembre 1987. Il a été ratifié par 191 pays. Il est entré en vigueur en janvier 1989.
Le Protocole de Montréal a introduit des mesures de réglementation pour certains CFC et certains halons pour les pays industrialisés. Les pays en développement ont bénéficié d’un temps supplémentaire. Cela leur a permis d’augmenter leur utilisation des substances à effet sur la couche d’ozone avant de prendre des engagements.
Copenhague & bromure de méthyle
Depuis 1987, plusieurs amendements et ajustements ont été adoptés. On a ajouté de nouvelles obligations, lors des rencontres officielles de Londres (1990), Copenhague (1992), Vienne (1995), Montréal (1997)… Lors de la rencontre de Copenhague en novembre 1992 on a inscrit le bromure de méthyle sur la liste des substances détruisant la couche d’ozone. Un plan d’élimination totale de ce pesticide a dès lors été adoptée. On a arrêté une nouvelle réglementation lors de la rencontre de Montréal de 1997 . Les pays industrialisés ont alors convenu d’éliminer ce produit pour 2005 et les pays en voie de dévelo2ppement pour 2015. Néanmoins… En 2018, la Trentième Réunion des Parties au Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone s’est déroulé à Quito (‘Équateur). Le Canada, l’Australie, l’Argentine et l’Afrique du Sud y obtinrent des dérogations pour utiliser le bromure de méthyle en 2019 et 2020.
23 ans après la signature du protocole de Montréal…
Le protocole de Montréal a permis de diminuer de façon considérable la production des substances qui appauvrissent la couche d’ozone. Celle-ci est passée de 1,8 million de tonnes en 1987 à 83.000 tonnes à la fin de 2005.
23 ans après sa signature, les scientifiques affirment que le trou a cessé de s’agrandir. Il n’a toutefois pas commencé à se refermer. On prévoyait alors que la couche d’ozone redeviendrait aussi dense qu’avant les années 1980 entre 2050 et 2075. En effet les CFC libérés avant la signature de ce protocole sont toujours dans la stratosphère. Ils y ont une longue durée de vie (100 ans environ). En 1987 à Montréal, les principaux pays producteurs de CFC et de Halons décidèrent d’en stopper la production. En Europe, depuis le 1er octobre 2000, les CFC ne peuvent plus être mis sur le marché. Ils doivent être impérativement récupérés et détruits depuis le 1er janvier 2002.
Des mesures efficaces contre le réchauffement climatique
Sans le protocole de Montréal, non seulement le trou dans la couche d’ozone s’aggraverait, mais aussi le réchauffement climatique ! On estime que, vers 2050, il aurait été de 1 °C de plus, en moyenne, que ce à quoi on pouvait s’attendre dans le cas du scénario RCP8.53. (le pire scénario parmi ceux envisagés pour prédire l’état du climat en 2100). Un réchauffement compris entre 0,5 °C et 1 °C aurait déjà été évité en Amérique du Nord, en Afrique et en Eurasie. Vers 2050, les élévations de températures évitées dans certaines de ces régions seraient de 1,5 °C à 2 °C. Enfin dans l’Arctique, le réchauffement évité atteindrait 3 °C à 4 °C !
L’accord de Kyoto avait été signé pour réduire les gaz à effet de serre. On estime que les mesures prises réduiront l’augmentation des températures de 0,12°C d’ici le milieu du siècle.
Le Protocole de Montréal a donc un impact beaucoup plus important sur le climat que l’Accord de Kyoto.
Réunion des parties à Kigali & HFC
La 28ème réunion des parties s’est tenue à Kigali, Rwanda, en 2016. Les délégués ont alors convenu d’amender le Protocole de Montréal. Les hydrofluorocarbures (HFC) font désormais partie de son champ d’application. On a défini le calendrier de réduction progressive des HFC. On les produit en remplacement des CFC. Ils ne constituent pas une menace pour la couche d’ozone. Mais leur potentiel de réchauffement de l’atmosphère correspond à 2.800 fois celui du CO2. L’Amendement de Kigali devrait permettre de réduire le réchauffement global moyen en 2100, dû aux HFC, d’une valeur de référence variant entre 0,3 à 0,5 ° C, à moins de 0,1 ° C.
D’autres menaces
Le protoxyde d’azote
Mais… Depuis le bannissement des CFC, qui détruisaient l’ozone stratosphérique, le protoxyde d’azote (N2O), produit en masse par l’agriculture, devient le principal ennemi de cette couche protectrice. Il est de plus un puissant gaz à effet de serre.
Le lisier et le fumier relâchent dans l’atmosphère 2% de l’azote qu’ils contiennent et les engrais azotés 2,5%.
- les déjections animales (fumier, lisier) exhalent chaque année 2,8 millions de tonnes de N2O,.
- 2,2 millions de tonnes proviennent des engrais synthétiques.
Le chloroforme
En novembre 2018, les Nations unies annonçaient que la couche d’ozone se reconstituait au rythme de 1 % à 3 % par an. On pouvait espérer un retour à son niveau d’avant les années 1980 d’ici la décennie 2030 dans l’hémisphère Nord et 2050 dans l’hémisphère Sud. Ceci grâce au protocole de Montréal.
Mais une nouvelle menace est apparue (parmi d’autres molécules) : le chloroforme. Ce gaz incolore est issu notamment de la fabrication du Téflon. La désinfection de l’eau par des procédés au chlore peut aussi en produire. . Les émissions de chloroforme ont augmenté de 20 % entre la décennie 2000-2010 et 2015. La Chine est responsable de la quasi-totalité de cette hausse. L’émission de chloroforme augmente dans des régions soumises à la mousson et à des typhons. En effet ces conditions météorologiques favorisent leur dispersion dans la stratosphère. Le chloroforme est ensuite dégradé en chlore qui détruit l’ozone. Une augmentation inquiétante des émissions de chloroforme dans l’atmosphère pourrait retarder la reconstruction de la couche d’ozone, jusqu’à huit ans, si la hausse perdure au rythme constaté début 2019.
On n’avait pas inclus le chloroforme dans le protocole de Montréal. Sa durée de vie dans l’atmosphère est courte, environ cinq mois. On considérait alors qu’il ne pourrait pas avoir un impact significatif. On comprend maintenant que les composés à faible durée de vie capables de détruire l’ozone, comme le chloroforme, pourraient retarder la reconstruction de la couche d’ozone. Plusieurs chercheurs réclament un amendement au protocole de Montréal pour interdire ces composés à faible durée de vie.
Les derniers débats…
La trente-deuxième réunion des parties (+ douzième réunion liée à la convention de Vienne) s’est tenue fin novembre 2020 par visioconférence. Il y a été question essentiellement du budget pour mettre en œuvre le protocole de Montréal. On y a aussi débattu des cas où l’utilisation du bromure de méthyle reste autorisée, par exemple dans la culture des fraises en Australie, Argentine et Canada.
Ainsi, la protection de la couche d’ozone reste toujours suspendue aux décisions politiques et économiques. L’ONU résume en un mot son programme de préservation de la couche d’ozone : ozonaction.
Où en est-on en 2023 ?
Voici ce qu’on peut lire dans un article de l’ONU paru le 9 janvier 2023 :
« Le rapport d’évaluation quadriennal sur les substances qui appauvrissent la couche d’ozone du Groupe de l’évaluation scientifique du Protocole de Montréal parrainé par les Nations Unies, confirme que l’élimination progressive de près de 99% des substances interdites qui détruisent l’ozone a permis de préserver la couche d’ozone et contribué de façon notable à sa reconstitution dans la haute stratosphère et à une diminution de l’exposition humaine aux rayons ultraviolets (UV) nocifs du soleil.
Si les politiques actuelles restent en place, la couche d’ozone devrait retrouver les valeurs de 1980 (avant l’apparition du trou dans la couche d’ozone) d’ici environ 2066 au-dessus de l’Antarctique, 2045 au-dessus de l’Arctique et 2040 dans le reste du monde. »