Les fluctuations saisonnières de la quantité d’ozone dans la stratosphère concernent généralement l’Antarctique. Mais on a observé deux trous dans la couche d’ozone en 2020. En Antarctique, mais aussi en Arctique.
Le trou saisonnier dans la couche d’ozone en Antarctique
En Antarctique, la première quinzaine de septembre est la période pendant laquelle la destruction catalytique de l’ozone est la plus forte. Elle peut aussi se poursuivre jusqu’en octobre, tant qu’il fait assez froid. Les quantités de substances responsables de la diminution d’ozone baissent grâce au protocole de Montréal. Mais certaines années, les températures plus froides font que la superficie et l’amplitude du trou d’ozone sont plus importantes.
Ainsi les conditions météorologiques de septembre 2020 ont rendu très stable le vortex polaire au-dessus de l’Antarctique. Elles ont ainsi entraîné une diminution d’ozone significative. Les observations satellitaires du sondeur IASI montrent qu’il s’agit de la deuxième plus forte diminution observée depuis 15 ans, avec une amplitude égale ou juste inférieure à celle de 2015. Ce phénomène s’explique donc par un « hiver stratosphérique » très froid et persistant. (en savoir plus)
En 2019, c’était la situation inverse et le trou d’ozone était beaucoup plus réduit.
Et depuis ? En 2021 fut une année record. Le trou dans la couche d’ozone était très grand, plus grand que le continent Antarctique. Et il est resté longtemps menaçant. (source)
Un trou formé au-dessus de l’Arctique
Du côté de l’Arctique, début 2020, des chercheurs du Centre aérospatial allemand (DLR) observaient un trou particulièrement important dans la couche d’ozone au-dessus de l’Arctique. Dès le 14 mars, les niveaux d’ozone au-dessus de l’Arctique ont atteint des « niveaux de trou d’ozone », inférieurs à 220 unités Dobson . Le 23 avril, les images du programme européen de surveillance de la Terre Copernicus montrent qu’il s’est refermé. Aucun lien avec la chute de la pollution liée au confinement imposé par la crise du coronavirus. La fin du trou Arctique est la conséquence de la rupture du vortex polaire. Ce vortex provoque des températures extrêmement fraîches. Cela entraîne une accumulation anormale sur l’Arctique de composants néfastes à l’ozone. Dès la fin de ce vortex, les températures ont augmenté, dépassant les moyennes de l’Arctique de plus de 5 °C autour du 20 avril, par exemple. La couche d’ozone s’est alors reconstituée.
Le trou d’ozone dans l’hémisphère nord n’est apparu qu’à 2 reprises ces dernières années, en 2011 et 2020. La superficie couverte dépasse en 2020 celle de 2011. (en savoir plus)
Le trou d’ozone qui s’est formé au-dessus de l’Arctique est bien plus petit (environ un million de km2) que celui que les experts observent au-dessus de l’Antarctique (20 à 25 millions de km2). Et le trou arctique dure environ 1 mois, alors que le celui de l’Antarctique reste ouvert pendant généralement 3 à 4 mois, et il est observé tous les ans.
Quel avenir ???
Tant que le contenu en chlore et en brome de la stratosphère demeurera élevé, une forte diminution d’ozone semblable à celle observée en 2020 pourra se reproduire lors d’hivers arctiques très froids. Selon le rapport d’évaluation international de l’état de la couche d’ozone (2018), l’ozone devrait revenir à son niveau des années 1980 vers 2030 au pôle Nord et 2060 au pôle Sud. Sans le protocole de Montréal, la destruction de l’ozone aurait été bien pire en 2020.
MAIS le changement climatique a tendance à retarder ce recouvrement. Car plus la température augmente dans les basses couches, plus elle diminue, par compensation, plus haut dans l’atmosphère !
MAIS… il y a de plus en plus d’incendies de grande ampleur dans le monde. Les incendies de forêt australiens provoquent le plus grand réchauffement stratosphérique depuis l’éruption du Pinatubo. Les scientifiques ont montré qu’ils prolongent la durée de vie du trou d’ozone antarctique (article). Qu’en est-il des conséquences des incendies géants en France, en Sibérie, au Canada etc sur le trou d’ozone arctique ?