Un des moyens d’agir pour la planète est de contribuer à un programme de sciences participatives. Il s’agit de communiquer à des scientifiques des observations de la biodiversité, astronomie, géologie… suivant un protocole donné. Voici un annuaire des projets.
Je vais vous partager ci-dessous des programmes auxquels vous pourriez avoir envie de participer.
Sciences participatives les 28-29 janvier 2023 : compter les oiseaux des jardins
L’Observatoire des oiseaux des jardins a été créé en 2012. Il s’agit du plus important dispositif français de sciences participatives impliquant le grand public. La Ligue pour la Protection des Oiseaux et le Muséum National d’Histoire Naturelle organisent un comptage national des oiseaux des jardins deux fois par an : Le dernier week-end de janvier lors de l’hivernage. Puis le dernier week-end de mai au moment de la reproduction.
Pourquoi ce projet de sciences participatives ?
Le 26 janvier de 18h à 19h30, la LPO et le Muséum national d’Histoire naturelle présenteront les résultats à l’occasion d’un webinaire. lien de connexion. Ils y expliquent aussi ce qui a poussé à créer ce projet. Les données chiffrées ci-dessous proviennent de ce webinaire.
Pourquoi ? Au début des années 2010, il existait différents protocoles de suivi dans les milieux naturels. Mais il n’y avait rien dans les jardins qui, étant des lieux privés, n’étaient guère accessibles aux chercheurs. De plus, la surface de jardins en France est importante, et souvent les gens aiment bien les oiseaux. De plus, les oiseaux sont de bons indicateurs de l’état de santé des milieux, ils sont des maillons importants des chaînes alimentaires et sont sensibles à la qualité des habitats. C’est pourquoi la ligue de protection des oiseaux (LPO) et le muséum national d’histoire naturelle (MNHN) ont lancé l’observatoire des oiseaux en 2012. Il fait partie du programme vigie-nature du MNHN.
2 objectifs : Il s’agit d’une part de collecter des données en grand nombre pour mieux connaître les populations d’oiseaux des jardins. Mais aussi de sensibiliser les citoyens à l’importance et la préservation de la biodiversité de proximité.
Il est possible d’y participer tout au long de l’année, mais aussi et surtout lors des deux week-ends nationaux de comptage, fin janvier et fin mai, qui permettent d’obtenir de bonnes données pour faire des analyses.
En effet, les participants sont répartis dans toute la France. De plus les observations sont répétées années après années, suivant le même protocole. Donc même si une année, par endroits, les conditions météorologiques sont un peu particulières, sur dix ans on peut voir se dessiner de grandes tendances. D’autant que pour plusieurs milliers de jardins, cela fait plus de cinq ans que les personnes contribuent au projet.
Les personnes renseignent quelques caractéristiques sur leur jardin, la météo, la date… pour prendre en compte la variabilité des observations.
Fiabilité des résultats
Pour savoir si les données collectées par les gens de toute la France, non spécialistes, traduisent ce qui se passent vraiment, on les compare avec d’autres résultats.
Par exemple le programme « oiseaux des jardins » montre un déclin de 43% des populations de verdier d’Europe.
STOC, le suivi temporel des oiseaux communs, fait appel à des ornithologues aguerris. Eux aussi trouvent une baisse d’environ deux cinquième des populations de verdier d’Europe (38%)
Dans tous les cas, pour une même période, on trouve des résultats comparables. Cela permet de considérer que les données obtenues par les sciences participatives « grand public » sont fiables, malgré un certain pourcentage d’erreurs. Il peut y avoir de petites différences, jamais des tendances opposées.
2012-2022 : les grandes tendances
Les données issues des comptages de janvier et mai : 4,5 millions d’observation gardées. Les spécialistes écartent les données aberrantes, par exemple un migrateur comme le martinet observé en hiver, un oiseau de haute montagne observé dans une ville de bord de mer…
en hiver
49% des espèces sont en augmentation dans les jardins. C’est le cas du chardonneret élégant : +83% en 10 ans. Il est pourtant menacé ailleurs que dans les jardins. Une des hypothèses est le manque d’alimentation dans les milieux naturels. Il y a 30 ans, il ne fréquentait pas les mangeoires. Mais aujourd’hui, à défaut de nourriture dans son milieu, il a pris l’habitude de s’y nourrir.
On observe aussi d’avantage de fauvettes à tête noire. Des chercheurs britanniques ont mené des recherches sur les migrations de cet oiseau. Pour cela, ils ont équipé des oiseaux capturés de géolocalisateurs. Lors de recaptures des oiseaux, ils peuvent ainsi connaître leurs déplacements. (les balises GPS sont trop lourdes pour les fauvettes, on les utilise sur de plus gros animaux).
Cet oiseau bouge beaucoup, il passe habituellement l’hiver dans le sud de l’Europe. Mais les anglais ont remarqué qu’il y en a de plus en plus qui passent l’hiver chez eux. Entre dérèglement climatique et disponibilité alimentaire, les fauvettes sont en train de modifier leur comportement migratoire. En effet, il y a des mangeoires dans 75% des jardins en Grande-Bretagne. Elles sont donc sûres d’être nourries. De plus, elles sont ainsi plus proches de leur site de nidification que si elles vont en Espagne. On constate que les fauvettes qui passent l’hiver en Grande-Bretagne ont un bec qui s’allonge (il devient plus adapté aux mangeoires. Et leurs ailes raccourcissent (elles volent moins).
20% des espèces présentent des effectifs stables. Il s’agit par exemple du geai des chênes, du troglodyte mignon, du pinson du Nord…
11% déclin des espèces sont en déclin. C’est le cas du moineau friquet et de la mésange noire.
Le déclin des moineaux est observé à toutes les saisons car cet oiseau est très sédentaire. Il est particulièrement inquiétant dans les grandes villes, où il souffre de la pollution. Ce plus, cet oiseau granivore nourrit les jeunes avec des larves. Or les populations d’insectes étant en fort déclin, les jeunes sont moins bien nourris. Enfin, les moineaux nichent volontiers dans des trous de murs, les ravalements leur laissent moins d’endroits pour nicher.
Enfin, pour 20% des espèces, les tendances sont inconnues ou fluctuantes.
(>> Aider les oiseaux en hiver)
au printemps
2% des espèces en augmentation. Il s’agit de la perruche à collier, de la huppe fasciée, et de la linotte mélodieuse. La perruche à collier n’était pas présente en France il y a 20 ans. Cet oiseau arrivé « accidentellement » s’est échappé de cages autour des aéroports d’Orly et Roissy. Depuis cet oiseau s’est très bien habitué au milieu urbain, il est facile d’en observé dans les grandes villes, en région parisienne notamment. Aucune étude ne documente un impact sur le reste de la biodiversité.
41% des espèces sont en déclin. C’est en particulier le cas du martinet noir : 46% de déclin dans les jardins en 10 ans. En effet cet oiseau insectivore ne trouve plus suffisamment d’insectes pour se nourrir (effet des pesticides). De plus il niche essentiellement dans des anfractuosités de vieux bâtiments. Mais quand ces bâtiments sont rénovés, tous les trous bouchés, les martinets n’ont plus d’endroit où nicher. De nombreuses autres espèces sont en déclin : le bouvreuil pivoine, l’accenteur mouchet, le verdier d’Europe, le merle noir…
Concernant le merle noir, si en hiver leur nombre est stable, il diminue au printemps. En effet, ce ne sont pas les mêmes populations, car cet oiseau est migrateur. Les merles finlandais vont en Grande-Bretagne, ceux de Pologne vont en France… Ainsi, en hiver on voit des oiseaux qui se reproduisent ailleurs.
24% des espèces présentent des effectifs stables. C’est par exemple le cas de la corneille noire, la tourterelle turque, le chardonneret élégant.
Enfin, dans un tiers des cas, les tendances sont inconnues ou fluctuantes.
et après ?
Les grandes tendances ont été mises en évidence gr)ace à ce programme de sciences participatives. Il s’agit désormais de poursuivre l’observatoire et les comptages nationaux pour aller plus loin :
- réflexion sur la mise en place d’un indice de suivi des oiseaux en hiver
- régionalisation des analyses
- étude en profondeur des données enregistrées tout au long de l’année
- étude de l’impact de la composition du jardin, sa localisation, l’environnement proche… selon qu’il est en zone agricole, forestière ou en ville…
Comment participer ?
- Choisir un jour d’observation, samedi 28 ou dimanche 29 janvier, et un créneau d’1h, idéalement en fin de matinée ou début d’après-midi, lorsque les températures sont un peu plus chaudes et les oiseaux plus actifs ;
- Trouver un lieu d’observation, un jardin, un parc public, un balcon, à la ville ou en campagne.
- Compter et noter durant 1 heure tous les oiseaux qui se posent dans le jardin (à l’exception du martinet au printemps. En effet cet oiseau ne se pose jamais). Pour les reconnaitre plus facilement, des fiches sont disponibles sur le site de l’Observatoire ainsi qu’une fiche d’aide pour le comptage.
- Pour être sûr de ne pas compter plusieurs fois les mêmes individus, on ne met dans le décompte final que le nombre maximal d’oiseaux d’une espèce vu en une fois. Par exemple si vous observez à un moment une mésange charbonnière, à un autre moment deux, et une autre fois trois, vous ne transmettez pas 1+2+3 = 6 mésanges charbonnières, mais 3.
- Transmettre les données sur le site de l’Observatoire des oiseaux des jardins : www.oiseauxdesjardins.fr. Vous trouverez toute l’aide nécessaire sur ce site.
Résultats de mes comptages
samedi 28 janvier 2023, fin de matinée
Je suis à 1000 m d’altitude et il y fait froid. Depuis presque 2 semaines le paysage est recouvert de neige (environ 15 cm). Cette semaine, il faisait environ -5 / -6°C en journée… En fin de matinée, les oiseaux ne sont pas encore sortie de leur abri, je n’ai guère vu, à un moment, que 2 mésanges charbonnières.
samedi 28 janvier 2023, début d’après-midi
C’est le bon moment pour observer les oiseaux. En une heure, j’ai vu à maintes reprises un rouge-gorge, une mésange bleue et jusqu’à trois mésanges charbonnières. J’ai aussi brièvement aperçu une mésange d’une autre espèce (sans doute une mésange noire). Le merle s’est montré à plusieurs reprises. J’ai enfin reçu la brève visite d’une pie.
dimanche 29 janvier 2023, début d’après-midi
Il fait un peu moins froid que la veille, il n’y a pas de vent, l’idéal pour un ballet de mésanges ! 3 mésanges charbonnières et, toutes belles, 4 mésanges bleues. Le rouge-gorge a fait une brève apparition, ainsi qu’un accenteur mouchet.
Et vous ? N’hésitez pas à transmettre aussi vos résultats dans les commentaires ci-dessous.